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Paralyzed

Publié par ZeVinZ sur 17 Août 2015

Paralyzed

Le son est trop fort ! Le bruit des gens qui m’entourent, la clameur du peuple à l’approche de l’excitation ambiante, me pèsent énormément. Car je suis là, au milieu de tout, et je ne bouge pas. Pas que je ne veuille pas, mais parce que je ne sais que faire. Inertie du moment, temps qui s’arrête sans prévenir, comment savoir ? Les faits sont là. Je les vois crier, sauter, penser et hurler. Je les sens transpirer, s’exciter, frissonner, et je les regarde étonné, car ces sentiments, là, de suite, je ne les connais pas. Pas que je ne les connaissais pas auparavant, juste que là, à ce moment précis, il m’est plus simple de regarder autour de moi que de me battre contre l’immobilisation qui me suspend dans le temps et l’espace. Devrais-je comprendre, ou du moins essayer ?

Le son est trop fort ! Et tous ces gens qui crient et chantent autour de moi commencent à m’effrayer. Suspendu dans mon vol et mon élan, je les vois s’élancer et bondir, courir et crier, hurler et s’esclaffer. Et mes sens se mettent en alerte doucement. Et je cogite. S’ils prennent peur, vont-ils me piétiner ? Vont-ils m’assassiner ? Vont-ils au moins me remarquer ? Alors, mes nerfs se figent. Mes mains se font moites, et mon cœur commence à accélérer. Je le sens palpiter, et je le sens pulser sous ma peau. Je m’inquiète, m’interroge. Encore ? Sûrement. Mais pas autant qu’avant. Mes réflexions commencent à se faire sensations, et mes membres crient que le salut se situe dans le mouvement.

Le son est trop fort ! Alors la musique change, s’accentue, et le peuple qui m’entoure est pris de frénésie. Un état de berserk sans recherche de sang. Une passion acharnée basée sur le rythme et la cadence. La cadence de leur dernier souffle s’il en est, du moins je l’espère. Je sens mon teint blanchir, mes mains se crisper d’autant plus, et mon souffle être rapide et bref. J’ai peur de rejoindre leur transe collective en étant agressé de toutes parts. Le bout de mes doigts de pied s’enorgueillit d’être plus rapide que mes doigts à s’activer en rythme, et il insiste et accélère pour montrer à qui voudra voir sa propre indépendance.

Le son est trop fort ! Mais le temps suspend son vol sans crier gare. Comme un arrêt sur image, comme un flash subit qui interpelle une conversation, comme un blanc dans une conversation. Je vois le peuple immobile, et mon corps qui bouge. Je vois les autres s’activer, respirer de plus en plus calmement, et mes mains et mon torse se mouvoir dans un mouvement fluide vers l’opposé de là où je suis. Si seulement j’avais su où j’étais ? En tout cas, le son s’arrête, et alors que tout est calme, que plus personne ne saute en levant les bras et en chantant, je m’enfuis à toutes jambes, comme poursuivi par un horrible monstre. L’inertie ne m’aura pas. Enfin, pas encore. Pas ce soir. Pas ici. Non.

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