L'observation Dactylée

Parce qu'être en harmonie avec soi, c'est souvent l'être avec les autres, on peut imaginer que le même fonctionnement marche avec le néant. Aujourd'hui, si vous n'êtes rien, si vous ne pensez rien, et si vous ne faites rien, vous n'existez pas. Et pourtant ! Ne rien faire et ne pas penser, n'est-ce pas déjà exister ? Ou ne peut-on pas exister afin d'être consciemment une preuve vivante du rien ? Le soucis d'être en harmonie avec son néant choisi, c'est qu'il faut assumer le fait d'exposer son vide personnel. Si vous ne pouvez pas, ou si vous le faites avec pudeur, vous montrez cette pudeur, et du coup, vous n'êtes plus néant. Vous êtes autre.

L'un dans l'autre, avant de parler de Néant concrètement, il faut comprendre l'harmonie. Au-delà d'un concept qui permet la définition d'une sorte d'homogénéité avec ce qui nous entoure, il y a dans l'harmonie cette sensation de paix, de zen, presque de béatitude qui est sous-entendue. Être en pure harmonie c'est être, dans la joie, en fusion avec le vivant. Et le néant peut être considéré comme son parfait contraire. N'être rien, c'est déjà n'être rien par rapport à quelque-chose. Et ce rien parfois sert à quelque chose puisqu'il peut lier l'existant. Atteindre le néant, c'est donc tout a fait possible, et impossible à la fois. De façon commune, être néant, c'est être mort, un état de présence disparue.

Alors, quand on voit le monde qui nous entoure, pour parler d'exemples un peu plus concrets, il faut pointer du doigt certains comportements. Il y a dans l'humanité ce désir de laisser une trace de son histoire, de son évolution. L'homme, la femme, l'être humain en fait, au-delà des pensées individuelles, suit un but assez noble. Mais le résultat est grotesque. Quelle trace va laisser la mère de famille qui met un coup de pied dans le ventre du professeur ? Quelle idée du monde peut-on se faire quand nous côtoyons à notre insu des fous, des meurtriers et des violeurs ? Comment se représenter noble dans la lignée quand la pauvreté nous entoure et que des gens bons meurent de faim ? Et surtout, quel est l'intérêt à long terme de dire aux autres ce qui est bien et mal, alors qu'il est impossible d'être irréprochable ?

Encore une fois, il s'agit d’œillères. Les gens sont méchants. Définitivement. Ils se détestent, ils s'entretuent, et tout ça pour des cause plus ridicules les unes que les autres. Mais le pire, c'est que la connerie des uns contamine les autres. Et le miasme dans lequel nous vivons est démoralisant. Au final, parce que l'humain ne voit que les grandes lignes, celles qui resteront dans les livres et qui seront retravaillées pour arrondir les angles, il peut se permettre toutes les exactions possibles. Car quand je rêve harmonie et tente de fusionner avec ce qui m'entoure, j'ai envie de plonger dans le néant à cause des horreurs qui m'assaillent. L'humain est décidément faible et pleutre. C'en est à vomir.