L'observation Dactylée

Assis, les pattes posées sur le rebord de son panier en osier, le chaton penche la tête sur le coté. Le chaton s'évertue à comprendre les désirs de celui qui le nourrit. Tout à l'heure, après avoir fait tomber un gros objet bleu qui s'est transformé en une multitude de petits morceaux qui lui ont abimé les coussinets, l'homme s'est mit à crier et à pleurer. Le petit chat, effrayé, s'est réfugié sous le lit de celui-ci. Plein de poussière, il s'est ébroué doucement, penaud, et après quelques petites minutes, il a observé, intrigué, celui qui se tenait la tête entre les mains, une aura de tristesse et de désespoir autour de lui. Ramassant les petits morceaux coupant, plongeant les mains dans la masse grisâtre étalée sur le sol de marbre, il semblait tenter de contrôler ses mouvements saccadés, comme si une sorte de stress convulsif l'obligeait à bouger de la sorte.

Alors, le chaton, curieux, un peu désolé aussi, s'approcha doucement de l'homme, et se frotta contre lui, calmement, tentant de le réconforter. Mais l'homme n'a pas réagit, perdu dans ses pensées solitaires. Machinalement, il a fini par caresser la petite boule de poil. Mécaniquement, il l'a gratté entre les deux oreilles, en lui disant que ce n'était pas sa faute, qu'il ne pouvait pas savoir, qu'il aurait du mettre l'objet ailleurs, hors de portée. Et puis, après un léger temps de réflexion, le grand être observa le chaton, et poussa un petit gémissement peiné, de voir qu'il avait couvert le petit de la poudre grisâtre.

Alors, il le soulève, l'emmène dans la salle d'eau, et le lave doucement avec un chiffon humide. Le petit chat, n'aime pas la sensation de l'eau, de l'humidité dans ses poils qui le refroidit et le fait grelotter. Mais, touché par l'attention de l'homme, il active inconsciemment son minuscule mécanisme à ronron, et se laisse manipuler. Interloqué, l'humain le regarde en souriant, et se dit que le petit chat ne comprend rien à rien, mais qu'il est mignon. Alors, il le sèche, et va le poser dans son panier. Puis, lil retourne ramasser les cendres et l'argile brisé.

Assis, les pattes posées sur le rebord de son panier en osier, le chaton penche la tête sur le coté. Il ressent la douleur des larmes de crocodile de son maitre, et il est peiné de sa tristesse. Le petit chat essaie de comprendre le monde qui l'entoure et le bouleversement qu'il a occasionné, mais il n'y arrive pas. Lui, si innocent, si calme et foufou à la fois, ne réalise pas. Il ne comprend pas quand l'homme dit "tu as renversé Papa, tu n'aurais pas du". Et le petit chat ne comprendra pas non plus quand plus tard l'homme le laissera dans un espace sans mur, avec des feuilles séchées sous les coussinets. Et au lieu de curiosité, le chaton aura peur, abandonné par celui qu'il aimait tant. Au lieu d'incompréhension, le chaton pensera à survivre, surement sans aucune chance de réussite, et ses instincts seront modifiés. Peut être pensera t'il à l'élément déclencheur de cet abandon. Peut être déduira t'il que bêtise signifie solitude. Mais peut être n'en aura t'il pas le temps, la mort lui courant après...