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This is the end...

Publié par ZeVinZ sur 20 Septembre 2013

This is the end...

C'est la fin. Il le sait.
Allongé, là, sur son lit d'hôpital, il repense à sa vie passée. Il pense à ce qu'il va léguer. Il pense immobilier, il pense famille et argent. Un léger sourire déforme le rictus décharné de sa bouche si pâle. Il aura mis sa petite marque dans le monde qui nous entoure. Peut être même, dans plusieurs années, des gens regarderont son œuvre et se diront "C'est lui qui nous a légué ça après sa mort". Il y a dans son regard presque aveugle, comme une étincelle de fierté, une sorte de satisfaction personnelle, conséquence de sa vision de l'accomplissement de sa propre vie. Il sourit, enfin, il esquisse une sorte de sourire, et se félicite à l'intérieur. Les mots pour lui n'ont plus vraiment d'importance.

Allongé, là, sur son lit d'hôpital, il repense à sa vie passée. Quelques années plus tôt, la vue et l'ouïe l'avaient déjà abandonné, et désormais, la parole lui fait défaut. Dans un sens il peut le comprendre. Il sait qu'une fin parfaite serait trop irréelle. Alors il se contente de sourire, et de pétiller du regard. Qu'importe s'il ne crie pas son amour à sa femme, et à ses enfants et petits-enfants, il considère sérieusement qu'aucune preuve n'est nécessaire. L'amour pour lui, a toujours été question de présence, de chaleur humaine, de compréhension et de respect. Il a toujours trouvé que ce savant mélange était plus important que les mots, qu'il ne peut de toute façon plus prononcer.

Allongé, là, sur son lit d'hôpital, il repense à sa vie passée. En même temps, il voit sa femme, à ses cotés, un sourire triste, mais un sourire tout de même, affiché sur son visage. Elle a, de son point de vue, un regard où une foule de sentiments se mélangent et s'entrechoquent. Elle ne devrait pas se mettre dans tous ses états, ce n'est surement pas bon pour son cœur. Il lui a souvent répété. Bien sur, aujourd'hui, les enfants prendront le relais. Quelle tête de mule pense-t'il, persuadé qu'en plus, elle a du oublier de prendre ses médicaments.

Allongé, là, sur son lit d'hôpital, il repense à sa vie passée. Et d'un coup, il sent la main de sa femme tenir la sienne. Il ne comprend pas, elle ne le touchait plus depuis bien longtemps, l'amour entre eux ayant dépassé ce stade. Apparemment, quelque-chose ne va pas. Est ce déjà l'heure ? Il en serait bien étonné, sinon il n'aurait plus la faculté de réfléchir comme il le fait. Mais le visage de son amour d'enfance commence à se contracter par l'émotion. Étrange, puisque les traits de son visage se crispent. Ah ! Il se met à comprendre. Les larmes coulent, et la tristesse a prit le pas sur l'inquiétude. Il réalise ce qu'il se passe plus précisément.

Allongé, là, sur son lit d'hôpital, il en a fini avec sa vie passée. Il se sent léger, et libre de toute contrainte. Ses proches autour de lui lui font de la peine, à exprimer leur tristesse si bruyamment. C'est dommage, il a toujours été question d'amour entre eux, et, à son âge, il fallait bien qu'il parte. Et puis, se retournant, flottant, il voit son corps décharné, pâle, et amaigri. Il se sent comme divisé, et attiré à la fois par les personnes présentes dans la pièce, et il sent aussi qu'une part de lui veut filer plus loin, ailleurs. Tout à coup, il lui vient une idée. Et s'il restait avec eux ? Histoire de surveiller les garnements et de rassurer sa tendre épouse si inquiète ? Il essaie tant bien que mal de se mouvoir et y parvient, doucement. Il semble traverser ses proches de par son orbite instable. Et chaque fois qu'il les traverse, il se sent faiblir, puis perdre comme une partie de lui-même. Mais au fond, il sent qu'il leur a transmis une partie de lui. Finalement, il réussit à se tenir droit, à coté de sa femme, et fit un pas vers elle, disparaissant entièrement, comme absorbé.

Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?

Alphonse de Lamartine

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